En cette période de liesse électorale, le PSITTACISME ou langage de perroquet est une pièce en 1 acte où évoluent quatre personnages politiques dont les attitudes et les prises de position seront celles que voudra bien donner le lecteur au fil des vers.
Pendant ces quelques semaines de campagne présidentielle je vous adresserai au gré des circonstances les
élucubrations de ces joyeux histrions.
J’espère que vous apprécierez cette parodie politique tout autant que j’ai eu du plaisir à l’écrire.
Bonne année 2017 et bonne lecture !
JOCRISSE : Personnage de nos anciennes farces de tréteaux qu'on retrouve encore dans les parades de
saltimbanques.
Jocrisse est le niais par excellence, crédule et naïf à l'excès, le jouet de ses compagnons.
MAYEUX : Type créé après la révolution de 1830. Mayeux, garde national, est la personnification en caricature de la bourgeoisie de cette époque.
PAILLASSE : Farceur de l'ancien théâtre napolitain. Il amuse la foule par ses tours et ses grimaces et l'engage
à entrer au spectacle.
PASQUIN : Nom d'un savetier de Rome connu pour les brocards qu'il lançait à tout propos. Ce nom fut
donné par extension par le peuple de Rome à une statue antique sur le piédestal de laquelle on
a longtemps placardé des épigrammes manuscrites.
La pièce se déroule sur un plateau d'une chaîne de télévision aux murs recouverts d'une tapisserie bleu pâle reposante pour les yeux.
Au milieu du plateau, une table moderne en forme de demi-lune autour de laquelle les personnages sont assis
face au public sur des chaises design.
Deux caméramans balayent constamment le plateau n'hésitant pas à faire des gros plans sur les personnages.
Le rideau se lève sur une conversation enflammée entre Pasquin et Jocrisse assis côte à côte.
Paillasse assis à gauche de la table, stylo à la main, prend des notes sur une feuille de papier.
Mayeux, assis à la gauche de Pasquin, s'occupe de manière narcissique à vérifier sa tenue vestimentaire en
gobant les mouches.
JOCRISSE ( criant )
Ah ! Vous voilà Monsieur. Je m'en vais de ce pas
Vous dire ma pensée, tout net, sans charabia.
Comment avez-vous dit ? ai-je bien entendu ?
Vous voulez me parler d'un sujet débattu ?
PASQUIN ( calme )
Vous l'avez dit. J'ajouterai sans confusion
Que je n'embrasse point une telle opinion !
Et qu'il faut, je crois, être assez malhonnête,
Pour dire des choses qui n'ont ni queue, ni tête.
JOCRISSE
Mais enfin qu'avez-vous ? Mais pourquoi criez-vous ?
Et j'avoue qu'à cela je n'entends rien du tout.
Vous arrivez furieux, mais enfin dites-moi
Quel est donc le sujet de ce soudain émoi ?
PASQUIN (outré )
Vous osez Monsieur ! Mais quel homme êtes-vous donc !
N'avez-vous pas fini vos élucubrations !
Ne vous défendez pas. Vous n'avez aucun droit
Et je prends à témoin le peuple qui est roi.
( Pasquin montre le public )
( Plan d'un caméraman)
Mais comment faites-vous ? Où est votre pudeur ?
Pour affirmer ainsi être un esprit changeur !
Car enfin je le dis avec force raison
La France et ses enfants ont soif d'hommes d'action
JOCRISSE
Permettez un instant que je parle aussi
Un fervent défenseur tout comme vous, je suis.
Défenseur des français et de leurs intérêts.
Voilà le premier point que l'on ne peut nier.
PASQUIN
Arrêtez je vous prie ce subtil détour
Qui vous a bien servi en de lâches recours !
Sur quelques évènements ô combien majeurs
Qui pouvaient il est vrai servir les travailleurs !
JOCRISSE
L'embêtant, c'est qu'il est avec vous difficile
De pouvoir discuter, tant tout vous est facile.
Néanmoins je dirai par quelles vérités
Affirmez-vous un fait qui n'est pas vérifié ?
J'ajouterai aussi, si vous le permettez
De quelle autorité me pouvez-vous juger ?
PASQUIN
À vraiment quel niveau ! Je ne le croyais pas.
Vous détournez toujours la bête aux abois.
Seulement aujourd'hui le juge n'est pas moi,
Et c'est le peuple seul qui fait force de loi.
( Pasquin remontre le public)
( Plan d'un caméraman)
( Pasquin fait signe de la main au caméraman de se retirer)
JOCRISSE
Le croyez-vous vraiment ? je ne sais si je dois
En langage clair dire que la mauvaise foi
Est un puissant atout dont vous usez souvent.
PASQUIN
On le serait à moins quant à vous imitant.
Et si vous crûtes ainsi au monde dérober,
Songez bien qu'ici, encore vous vous bernez.
De celui qui est dupe, vous criez infamie,
Pendant que par derrière vous avez des amis
En les personnes mêmes de ceux que vous citez
Comme étant les fléaux de notre société !
JOCRISSE
On ne peut pas nier vos belles qualités,
Entre autre de mentir, ainsi qu'exagérer.
Je ne me souviens pas, je le dis sans détour
D'avoir ainsi parlé, ne serait-ce qu'un jour.
S'il advient que parfois pour cause de querelle
Je me laisse emporter par trop excès de zèle,
Et que pour tout l'amour que j'ai pour mon métier
Je me dois ce me semble être un justicier ;
En aucun cas je suis comme vous le dites
Un esprit déloyal et j'ai bien du mérite…
PASQUIN
Si vous n'admettez pas ce que je vais vous dire,
C'est qu'il faut que vraiment je réapprenne à lire.
Considérez, Monsieur, ces quelques lignes-ci
Et qui sont à vrai dire ce que vous avez dit :
(Pasquin sort une feuille de papier de sa poche de veste et lit)
" Je n'ai en aucun cas envie de me dédire.
Ce que j'ai dit est clair et je dois le tenir.
Néanmoins, si l'on veut que je vienne au secours,
Je serais bien tenté…"
JOCRISSE
N'ai- je pas ajouté ?
Mais sur ce point encore vous me contredirez.
Que nous ne voulons pas échanger les idées.
à suivre...